Ah, la fameuse madeleine de Proust, cette expression tant utilisée en français. Si vous pensiez que l’évocation de la madeleine était depuis toujours au cœur de cette expression, détrompez-vous ! Découvrez ce qui aurait pu la remplacer.

L’expression la plus courante en français liée à la nourriture ? Sans aucun doute, la madeleine de Proust. On l’entend fréquemment, que ce soit dans les conversations de tous les jours ou dans les discours de personnalités, où l’on évoque telle habitude, tel parfum, ou tel plat comme étant leur madeleine de Proust.

Bien que l’on emploie cette expression à tout va, à tel point qu’on pourrait se demander si elle garde encore son sens véritable, vous êtes-vous déjà demandé d’où elle venait ? Chaque expression française a une origine, que ce soit un livre, un événement historique ou une personne.

La madeleine de Proust dans Du côté de chez Swann Dans le premier tome de la saga À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, Marcel Proust raconte une scène où sa mère lui sert des madeleines, qu’il trempe dans du thé. Ce simple geste ravive instantanément en lui le souvenir de sa tante Léonie.

Pour les amateurs de littérature, voici l’extrait en question : “Et tout d’un coup, le souvenir m’est revenu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que, le dimanche matin, à Combray (car ce jour-là, je ne sortais pas avant l’heure de la messe), lorsque je lui rendais visite dans sa chambre, ma tante Léonie me donnait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.

La vue de la petite madeleine ne m’avait rien évoqué avant que je ne l’aie goûtée ; peut-être parce qu’en ayant souvent vu d’autres, sans y toucher, dans les vitrines des pâtissiers, son image s’était détachée des souvenirs de Combray pour s’associer à des souvenirs plus récents ; peut-être aussi que, parmi ces souvenirs longtemps oubliés, il ne restait plus rien, tout s’était effrité ; les formes – y compris celle du petit coquillage de pâte, si voluptueusement sensuel sous sa forme rigide et pieuse – avaient disparu, ou s’étaient endormies, perdant la force d’expansion nécessaire pour ressurgir dans la conscience.

Mais, quand du passé il ne reste rien, après la disparition des êtres et la ruine des choses, seules l’odeur et la saveur demeurent, plus fragiles, mais aussi plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, comme des âmes qui se souviennent, attendent et espèrent, portant sans faillir, sur leur minuscule gouttelette presque imperceptible, l’immense édifice du souvenir.”

La biscotte de Proust Dans un article du Parisien en 2015, l’écrivain Jean-Paul Enthoven, coauteur du Dictionnaire amoureux de Marcel Proust, revenait sur l’origine de l’expression. Il expliquait que la madeleine n’était pas le choix initial de l’écrivain, et qu’il aurait pu choisir tout autre chose.

“Marcel, prudent, n’a pas encore opté définitivement pour sa petite madeleine ‘moulée dans la valve striée d’une coquille de Saint-Jacques’. Il hésite, envisage plusieurs autres pâtisseries, et après avoir imaginé une tranche de ‘pain grillé’, il songe à la ‘biscotte’, avant que le fameux biscuit proustien n’apparaisse enfin”, racontait-il.

Eh oui, la madeleine de Proust aurait pu être une biscotte. Mais aurait-elle eu le même impact ? Cela reste un mystère.